- LIN BIAO
- LIN BIAOLIN BIAO [LIN PIAO] (1907-1971)Né au Hubei dans un milieu de petits propriétaires terriens, Lin Biao s’intéresse très tôt aux mouvements radicaux de l’intelligentsia. Au sortir de l’école secondaire, il devient membre de la Ligue de la jeunesse socialiste puis entre, en 1925, à l’Académie militaire de Whampoa, où ses qualités attirent l’attention de ses instructeurs, parmi lesquels Tchiang Kai-chek, le général Blücher, le principal instructeur militaire du Komintern, et Zhou Enlai, alors commissaire politique.Diplômé de l’Académie, il entre au Parti communiste chinois (P.C.C.) et sert sous les ordres de Ye Ting lors de l’«expédition du Nord» qui assure la victoire des républicains sur les féodaux. En 1927, il est écarté par Tchiang Kai-chek, qui purge le Guomindang de ses éléments communistes; le 1er août, il soulève ses troupes à Nanchang, en compagnie de Ye Ting et de He Long, et rejoint Zhu De, dont il va devenir l’adjoint dans les maquis rouges des monts Jinggang. À vingt et un ans, il commande un groupe d’armées; c’est un instructeur militaire des plus écoutés, préconisant des règles pour s’allier les paysans.Lin Biao participe à la Longue Marche (1934-1935) et, arrivé au Shaanxi, forme l’académie de l’Armée rouge de Yan’an avec Nie Rongzhen. Sa valeur militaire et celle de ses écrits sur la stratégie sont reconnues jusqu’à l’étranger, tandis que ses succès sur les champs de bataille sont décisifs en maintes occasions (défaite japonaise à Pingxingguan, en septembre 1937). Gravement blessé en 1938, il passe trois ans en Union soviétique pour s’y faire soigner et recevoir une instruction militaire. De retour à Yan’an, il entre au comité central du P.C.C. en 1943; il avait été le représentant de l’Armée rouge à Chongqing auprès de Tchiang Kai-chek lors de la période de front uni.Dans les jours qui suivent la capitulation nippone, il devient clair que l’évacuation de la Mandchourie par le Japon va laisser à l’abandon une immense région économiquement importante, nécessaire aux nationalistes comme aux communistes. Avec la défaite de l’ennemi commun cesse la politique de front uni: Lin Biao prend Tchiang Kai-chek de vitesse, pénètre en Mandchourie, y désarme les Japonais et s’appuie sur l’Union soviétique. La guerre civile entraîne Lin Biao à mener une vaste offensive: ses victoires successives lui vaudront dans la presse occidentale le surnom de Napoléon chinois. Conquérant de la Mandchourie, Lin Biao passe au sud de la Grande Muraille et fait déferler ses troupes jusqu’à la défaite nationaliste. Après la victoire communiste, Lin Biao entre au Conseil du gouvernement avec la haute main sur une vaste région militaire. Quand éclate la guerre de Corée (1950-1953), Lin Biao ne semble pas participer directement à l’engagement chinois, sans doute pour raison de santé, mais son étoile monte rapidement: député en 1954, représentant de l’Armée de libération populaire (A.L.P.) et maréchal en 1955, il devient ministre de la Défense en 1959 en remplacement de Peng Dehuai, écarté.À partir de 1961, Lin Biao s’applique à réformer l’A.L.P., pour en faire un corps «rouge et expert» de soldats marxistes-léninistes, et lance plusieurs mouvements idéologiques («quatre primautés», «cinq perfections»...) destinés à lier intimement la guerre populaire et l’idéal communiste. Selon ses directives, l’armée supprime les grades, les insignes et toutes les marques apparentes de la hiérarchie, rejette la conception professionnelle rappelant Peng Dehuai et, opérant un véritable recyclage idéologique, devient un modèle pour la nation; désormais, elle participe à toutes les activités économiques. En septembre 1965, Le Quotidien du peuple publie un éditorial d’importance pour l’ensemble du monde révolutionnaire, intitulé «Vive la victorieuse guerre du peuple», dans lequel Lin Biao expose ses conceptions stratégiques: à l’intérieur des frontières, la force véritable réside dans le peuple armé pour une guerre défensive (allusion évidente au Vietnam), tandis que, dans le monde, la révolution doit vaincre l’impérialisme par une stratégie, déjà appliquée en Chine, d’«encerclement des villes par les campagnes», le Tiers Monde représentant les nouvelles campagnes et les pays capitalistes les nouvelles villes.Ces grandes options axées sur une route de purification idéologique de l’armée et une refonte au sein des masses populaires effectuée en son sein et par elle-même paraissent constituer des signes avant-coureurs de la «grande révolution culturelle prolétarienne». Et, symptomatiquement, c’est l’A.L.P. qui, la première, édite le Petit Livre rouge pour sa propre gouverne, avec une préface de Lin Biao. Ces thèses prennent le contre-pied des conceptions militaires soviétiques.La révolution culturelle provoque l’ascension de Lin Biao, en lui donnant la haute main sur l’armée, l’idéologie et la politique: elle fait de lui l’héritier présomptif de Mao Zedong. Malgré une crise passagère (incidents de Wuhan à l’été de 1967), l’A.L.P. fait figure de garante de l’ordre et semble avoir la primauté politique.Pourtant, ce n’est pas sans crise que s’effectue la remise en ordre de la révolution culturelle. En juillet 1971, deux ans après le bouleversement politique, de longs éditoriaux rappellent que «le parti commande aux fusils», laissant entendre manifestement que le pouvoir civil a dû être défié par l’armée et qu’il faut y mettre bon ordre. À partir de ce moment, Lin Biao apparaît moins en public, et disparaîtra bientôt de la scène politique.Il faut près d’un an pour que le monde apprenne des autorités de Pékin la mort de Lin Biao à Ondor Haan, en république populaire de Mongolie, lors d’une fuite en avion; auparavant Lin Biao aurait tenté de supprimer Mao Zedong avec la complicité de son fils Lin Liguo et de quelques officiers. La version officielle des faits laisse dans l’ombre bien des questions, et en particulier, les causes profondes du complot.Lin Biao ou Lin Piao(1908 - 1971) maréchal et homme politique chinois. Chef de l'armée (1959), successeur désigné par Mao Zedong (1969), il fut accusé de trahison (1971) et périt, officiellement, dans un accident d'avion en tentant de gagner l'U.R.S.S.
Encyclopédie Universelle. 2012.